Le titre de ce texte, émergeant naturellement dans ma réflexion pendant que j’écrivais mon précédent, dépeint ma perception des offres de produits et services sur le marché. Ces offres sont si variées et leur structure de coûts si complexe que je suis souvent perplexe sur le point de départ de cette analyse.
Des voix raisonnablement prudentes me rappellent que les produits et services ont un prix de revient. Dans le jargon de l’anglophone, c’est le « cost » – le coût sans aucune marge de profit. Cette réalité, je la comprends. Mes connaissances économiques, bien que basées sur des lectures grand public comme « L’Économie pour les nuls », me permettent d’appréhender que les produits et services ont un coût significatif. En effet, dans certaines situations, les marges de profit sont si minces qu’elles ressemblent à du papier à cigarette. Par exemple, les producteurs du secteur agro-alimentaire sont souvent contraints de travailler avec des marges extrêmement serrées.
Ce qui est frustrant, c’est de découvrir que certains biens et services sont vendus avec des marges de profit exorbitantes, allant de 500% à 1000%. Cette découverte, dont je m’abstiendrai de détailler la méthode, a ébranlé ma compréhension du marché.
Imaginez si nous pouvions payer tout en fonction du revenu net, des dépenses de subsistance comme le loyer ou l’hypothèque, jusqu’aux achats quotidiens comme l’épicerie et les abonnements aux journaux. Une telle proposition peut sembler idéaliste, voire utopique, mais ne serait-il pas plus équitable de facturer en fonction de la capacité réelle de paiement? Ça pourrait au moins atténuer les injustices économiques existantes.
Dans notre réalité économique, tout est payé avec de l’argent, des dollars sonnants et trébuchants, qu’ils soient physiques ou numériques. Mais si nous pouvions payer en pourcentage de nos revenus, ne serait-ce pas un rêve devenu réalité ? Imaginez-vous proposer d’acheter quelque chose à un pourcentage égal au taux d’inflation de cette année, moins la valeur du dollar de l’année précédente, plus la valeur anticipée du dollar l’année prochaine, le tout divisé par la moyenne des trois facteurs, multiplié par 0,8%.
Évidemment, j’aborde ici un scénario absurde, car rien ne peut être acheté à un prix qui correspond à un pourcentage acceptable de nos revenus. Cette réalité m’amène à la conclusion que tout coûte trop cher. Il est nécessaire de considérer la réalité socioéconomique de notre territoire, où les personnes financièrement pauvres sont plus nombreuses que les personnes riches. Ne serait-il pas normal que la majorité des biens et services soient financièrement accessibles au plus grand nombre?
Je n’ai aucune intention de faire l’éloge du marxisme, ni de m’identifier comme marxiste. Cependant, je crois fermement que permettre à des situations où une personne doit dépenser jusqu’à 80 % ou plus de son revenu net, uniquement pour se loger, est absurde et inhumain.
Il est tout aussi choquant de devoir payer des sommes astronomiques pour les services de télécommunications. Ajoutez à cela le coût élevé de l’épicerie, des médicaments en pharmacie, etc. Et si vous êtes fumeur, le gouvernement profite encore plus de vous à travers les taxes. Malgré l’angoisse, le stress et la frustration que ça peut causer, la réponse générale que vous recevrez sera simplement : arrêtez de fumer.
Je suis convaincu que le coût de maintien de la pauvreté est plus élevé que le coût de son éradication. Le vieux réflexe de dire : « Va travailler et ça ira mieux », ne tient plus la route de la même manière qu’il y a 40 ans. Après avoir effectué de nombreux calculs comparant le pouvoir d’achat à différentes époques, en fonction d’un revenu donné et en tenant compte de l’inflation telle que mentionnée sur le site web de la Banque du Canada, j’ai découvert quelque chose de surprenant.
À titre d’exemple, une personne qui gagnait 14 $ de l’heure en 1995 devrait gagner au moins 23 $ de l’heure aujourd’hui, en raison de la dévaluation du dollar. Pourtant, une personne qui gagne 23 $ de l’heure aujourd’hui est en réalité plus pauvre qu’une personne qui gagnait 14 $ de l’heure en 1995. Ça semble incroyable, mais c’est un fait incontournable, dû à l’augmentation du coût des produits et services qui a largement dépassé les taux d’inflation au fil des ans.
Cette réflexion intense m’amène à comprendre que le sujet est vaste et mérite d’être exploré davantage. Je partagerai donc éventuellement une suite à cette réflexion. J’aimerais cependant vous sensibiliser à une réalité souvent ignorée : le coût élevé d’une vie décente en fonction de la composition familiale et du lieu de résidence. Bien que je soutienne le capitalisme, je suis en faveur d’un capitalisme équilibré et bien régulé. Après tout, le capitalisme extrême n’est pas meilleur que le marxisme, et vice versa.
Je termine cette réflexion en vous invitant à lire le document intitulé: « Le revenu viable 2021 : pour une sortie de pandémie sans pauvreté ». Je suis convaincu que cela vous aidera à comprendre pourquoi je pense que tout (ou presque tout) coûte trop cher.