L’analyse systémique du rôle de l’économie dans la cohésion sociale au Québec nécessite de considérer le sujet dans un contexte plus large de facteurs économiques, sociopolitiques et culturels interconnectés.
La création de richesses constitue un vecteur majeur de l’économie qui joue un rôle incontournable dans la cohésion sociale au Québec. La capacité d’une société à générer des richesses, dictée principalement par la productivité et l’efficacité de ses entreprises, détermine largement son niveau de prospérité économique. Un niveau de création de richesses élevé a le potentiel d’élever le niveau de vie des habitants, de fournir des emplois stables et de financer des services publics essentiels, tous contribuant de manière significative à la cohésion sociale.
Cependant, la création de richesses ne garantit pas en soi une forte cohésion sociale. En effet, la manière dont ces richesses sont réparties à travers la société constitue un facteur tout aussi indispensable. La répartition des richesses est une composante économique de premier plan qui influence la cohésion sociale. Une répartition inéquitable des richesses peut engendrer des tensions sociales, éroder la confiance envers les institutions et compromettre la cohésion de la société. Au Québec, le niveau d’inégalités de revenus est relativement faible par rapport à d’autres juridictions, ce qui contribue positivement à la cohésion sociale. Cependant, des disparités persistent, en particulier entre les différentes régions du Québec et entre les différentes strates de la population.
L’hétérogénéité de l’économie à travers le territoire québécois est une dimension importante à prendre en compte. Les disparités économiques entre les différentes régions du Québec entrainent des répercussions directes sur la cohésion sociale. Les régions où l’économie est moins dynamique peuvent connaître des taux de chômage plus élevés, des niveaux de vie plus bas et une mobilité sociale plus limitée, autant de facteurs susceptibles de générer des tensions sociales et de fragiliser la cohésion sociale.
L’emploi constitue un vecteur essentiel de la cohésion sociale. Il ne s’agit pas seulement d’une source de revenus permettant aux individus de subvenir à leurs besoins. L’emploi joue également un rôle central dans l’intégration sociale. Il facilite les interactions entre individus issus de différents milieux sociaux, favorise l’émergence d’un sentiment d’appartenance à une communauté et renforce le sentiment de dignité personnelle. Un taux d’emploi élevé et stable contribue ainsi à renforcer la cohésion sociale.
Outre la création et la distribution de richesses, l’économie joue un rôle essentiel dans la cohésion sociale au travers de l’économie sociale et solidaire. Le Québec possède une tradition de coopératives, d’entreprises d’économie sociale et de fondations qui aident à renforcer les liens communautaires et la solidarité. Ces entités, qui allient l’efficacité économique à une mission sociale, contribuent directement à la cohésion sociale en favorisant l’inclusion (sans exagérer), en fournissant des biens et services essentiels et en créant des emplois locaux.
L’économie verte et la transition énergétique représentent des défis majeurs pour la cohésion sociale. Une transition réussie vers une économie bas carbone peut créer des emplois, améliorer la qualité de l’environnement et contribuer à l’équité intergénérationnelle. Cependant, cette transition peut également créer des tensions, en particulier dans les régions dépendantes des industries à forte intensité de carbone. Il est donc nécessaire que les politiques publiques favorisent une transition juste et équitable, afin de maintenir la cohésion sociale.
Les politiques publiques jouent également un rôle clé dans l’articulation entre économie et cohésion sociale. Une fiscalité progressive peut aider à redistribuer les richesses et à réduire les inégalités. De même, des politiques d’éducation et de formation peuvent aider à prévenir l’exclusion sociale et à promouvoir l’équité des chances. Des politiques d’infrastructures, telles que le logement, les transports ou la couverture internet, peuvent également influencer la cohésion sociale en améliorant l’accessibilité et la qualité de vie.
En outre, l’économie est également influencée par la culture et les valeurs de la société. L’importance accordée au travail, à la solidarité, à l’égalité des chances ou à la durabilité environnementale peut influencer les pratiques économiques et les politiques publiques. De même, la reconnaissance et le respect de la diversité culturelle peuvent contribuer à une économie plus inclusive et à une société plus cohésive.
Il convient également de mentionner que la cohésion sociale n’est pas seulement une question de richesses et d’emplois, mais aussi de bien-être et de satisfaction de la vie. En ce sens, l’économie peut contribuer à la cohésion sociale non seulement en créant des richesses, mais aussi en améliorant la qualité de vie. Par exemple, une économie qui promeut le travail décent, le temps libre, la santé et l’éducation contribue à une société plus heureuse et plus unie.
Pour conclure, une analyse systémique du rôle de l’économie dans la cohésion sociale au Québec nécessite une perspective large et intégrée. Elle implique de considérer non seulement les aspects financiers, mais aussi les aspects sociaux, environnementaux, culturels et politiques de l’économie. Cette approche permet de mieux comprendre les dynamiques complexes et interconnectées qui façonnent notre société et d’identifier les leviers d’action pour une économie plus juste, durable et solidaire.